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Déclaration de politique étrangère prononcée par Monsieur Jan Petersen, Ministre des Affaires étrangères, devant le Storting le 15 février 2005.

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Publisert under: Regjeringen Bondevik II

Utgiver: Utenriksdepartementet

Traduction du norvégien

Déclaration de politique étrangère prononcée par Monsieur Jan Petersen, Ministre des Affaires étrangères, devant le Storting le 15 février 2005.

Monsieur le Président,

Lorsque la Norvège, en 1905, fit son entrée dans la communauté internationale, ce fut la réalisation d’une aspiration dans le peuple norvégien à une totale indépendance qui n’avait cessé de croître au fils des années.

2005 est ainsi une année spéciale pour la politique étrangère norvégienne. Les services extérieurs de la Norvège et nos relations officielles avec beaucoup de nos principaux partenaires ont été établis il y a 100 ans. Nous avons déjà entamé un vaste programme international destiné à mettre en exergue le rôle de la Norvège dans trois domaines: en tant que nation moderne axée sur la culture et les connaissances; en tant que gestionnaire des ressources naturelles; et en tant que partenaire pour la promotion de la paix mondiale et du développement international.

Ce programme international pour marquer le centenaire est un exemple des efforts déployés pour renforcer la renommée de la Norvège sur le plan international. C’est là un aspect important du rôle des services extérieurs aujourd’hui. L’image de la Norvège à l’étranger a besoin d’une mise à jour, ou tout au moins de quelques retouches.

J’ai la conviction que d’accroître la visibilité de la Norvège, avec sa bonne renommée sur le plan international, est une chose cruciale pour le secteur privé norvégien, pour notre coopération culturelle avec d’autres pays et pour notre capacité de faire valoir nos points de vue politiques. Etre visible implique d’avoir une plus grande influence.

L’évolution et l’expérience acquise depuis 1905 montrent que face aux nombreux défis communs et transfrontaliers, l’autorité nationale est insuffisante. Le gouvernement national a besoin d’être complété par une coopération internationale contraignante – et en est même totalement dépendant. C’est le cas tant au niveau des efforts pour promouvoir la paix, la sécurité et un environnement durable que pour lutter contre la pauvreté, la maladie et la faim. Il faudra que toutes les nations contribuent à cet effort, à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs propres frontières.

Au cours de ce centenaire, un certain nombre de valeurs et d’intérêts fondamentaux se sont développés dans la politique extérieure de la Norvège, notamment :

  • Nos efforts pour promouvoir la stabilité, la sécurité et la paix, aussi bien dans nos régions limitrophes que dans le monde.
  • Nos efforts pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme dans d’autres pays et pour lutter contre la pauvreté.
  • Nos efforts pour créer des conditions économiques favorables et prévisibles pour le commerce et l’industrie norvégiens.
  • Les tâches consulaires liées à la promotion des intérêts norvégiens et l’assistance à des Norvégiens à l’étranger.

Le raz-de-marée qui a frappé l’Asie de Sud-Est le 26 décembre dernier a secoué le monde entier et a souligné une fois de plus combien nous sommes vulnérables devant les forces de la nature. Nous avons tous été émus par cette catastrophe. J’ai moi-même eu l’occasion de visiter les régions les plus durement touchées en Indonésie, en Thaïlande et à Sri Lanka. De voir avec mes propres yeux les souffrances humaines et les destructions immenses a laissé des traces inoubliables.

Nombreux sont ceux qui ont contribué aux actions de secours, chacun à sa manière. Ils ont tous fait un effort qui inspire le plus grand respect.

Je tiens à exprimer un vif remerciement à tous ceux qui n’ont ménagé aucun effort pour venir en aide aux familles des disparus, aux blessés et à d’autres personnes qui avaient besoin d’assistance et de soutien. Il s’agit d’un grand nombre de personnes, d’organisations d’aide, de personnel de santé, de représentants de l’Eglise, de la police et beaucoup d’autres, y compris le personnel du service diplomatique. Ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir, à un moment critique et éprouvant.

Dans son discours de politique générale devant le Storting le 10 janvier dernier, le Premier ministre a fait un compte-rendu provisoire de la gestion de la catastrophe faite par les autorités. Une commission créée par le gouvernement est actuellement en train d’évaluer ce travail.

J’ai moi-même pris l’initiative d’un examen rapide interne du travail effectué par les services extérieurs. C’est pourquoi je n’entrerai pas plus en détail sur ces questions pour l’instant. Je me contenterai de signaler que nous avons pris deux mesures pour renforcer dans l’immédiat le dispositif d’intervention en cas d’urgences.

Premièrement, il a été établi deux équipes d’urgence qui, en alternance, restent prêtes à intervenir et qui peuvent se rendre dans une zone sinistrée à bref délai. Deuxièmement, nous avons effectué une remise à niveau des moyens d’intervention déjà disponibles qui comprend notamment la cellule de crise de notre propre ministère.

Monsieur le Président,

Le respect des droits de l’homme, de la démocratie et de l’Etat de droit constitue le fondement de la société norvégienne. Ces valeurs sont également des préalables essentiels à la croissance économique et au bien-être qui caractérisent notre société.

Nous avons pu constater que la démocratie est le meilleur garant de la sécurité, de la paix et de la stabilité également sur le plan international. C’est pourquoi la promotion de la démocratie et le respect des droits de l’homme sont des objectifs privilégiés de notre politique étrangère. Nous souhaitons engager nos efforts là où les principes démocratiques sont bafoués et leurs conditions sont défavorables. Ces efforts sont une importante contribution à la paix mondiale et à la sécurité internationale.

Bien que les enjeux soient encore de taille, je suis heureux de constater que les pays sont de plus en plus nombreux à s’engager sur la voie de la démocratie.

Les récentes élections en Irak, en Afghanistan, en Ukraine et dans les Territoires palestiniens ont toutes contribué au progrès de la démocratie. Ces pays ont fait un pas vers la démocratie, ce qui est une évolution très positive, et nous souhaitons y apporter notre soutien actif. Nous espérons que ces élections serviront aussi d’exemple à d’autres pays.

En Irak, les élections étaient avant tout une victoire pour les électeurs qui ont défié la terreur et la violence. Ils ont montré que la volonté du peuple n’avait pas été brisée par plusieurs décennies de répression et que le peuple a un réel désire de poursuivre le processus démocratique.

La participation électorale, de 58 pour cent à l’échelle nationale, a été plus forte que beaucoup de gens ne l’avaient craint, mais elle a été très faible dans certaines régions à dominance sunnite. Certains gens avaient peur d’être victimes d’actes terroristes, alors que d’autres ne souhaitaient pas participer aux élections. Cela ne donne pas à ceux qui se sont abstenus un droit de veto contre la poursuite du processus politique.

Cependant, pour renforcer la légitimité et la stabilité du pays, il est important que les Sunnites participent également. Ceux qui ont remporté la victoire, c’est-à-dire la majorité chiite et les partis kurdes, doivent veiller à intégrer tous les groupes ethniques et religieux dans la suite du processus. A ce stade, ils semblent le souhaiter. Il est aussi encourageant de noter que certains représentants des groupes qui avaient boycotté les élections se déclarent maintenant disposés à collaborer avec les autorités sur l’élaboration du texte de la nouvelle constitution.

Les élections ont montré également que l’on avait bien fait de se concentrer très tôt sur les éléments susceptibles de faire avancer le processus et de ramener le pays entièrement sous contrôle irakien. Il a été important d’empêcher que la violence n’entraîne le déraillement du processus. C’est pourquoi la Norvège a systématiquement appuyé le processus politique en Irak, tel que décidé par le Conseil de sécurité des Nations Unies, dont j’ai fait rapport dans mon discours devant le Storting le 23 novembre l’année dernière. Par le biais des Nations Unies, nous avons aussi contribué financièrement à la tenue des élections.

Irak aura désormais une assemblée nationale provisoire, élue de manière légitime, et a par conséquent pris un pas décisif dans le sens d’une véritable démocratie. La Norvège a affecté des fonds à la reconstruction de l’Irak et contribue par le biais de l’OTAN à l’entraînement de ses forces de sécurité. Cependant, comme le président de la Commission des affaires étrangères, Monsieur Thorbjørn Jagland, l’a relevé lors de la séance des questions au gouvernement il y a deux semaines, des efforts de long haleine sont nécessaires pour reconstruire les institutions et les organisations civiles en Irak. Je partage entièrement l’avis de M. Jagland qu’un tel renforcement de la démocratie a besoin de notre soutien, et par conséquent nous envisagerons l’octroi d’un tel soutien si le nouveau gouvernement irakien en fait la demande.

Nous nous réjouissons de poursuivre une étroite coopération avec les autorités irakiennes, notamment dans le secteur pétrolier, où nous sommes en train d’établir une coopération sur plusieurs projets. Nous devons faire de notre mieux pour contribuer à jeter les bases d’une croissance économique en Irak.

Les élections en Afghanistan ont été, elles aussi, une confirmation de l’aspiration du peuple à la démocratie. La très forte participation électorale, aussi chez les femmes, en témoigne. La Norvège a contribué à la tenue des élections non seulement au niveau de la sécurité mais aussi financièrement par le biais des Nations Unies. Nous entendons poursuivre ce soutien lors des élections parlementaires prévues pour le printemps. Notre aide à la Commission afghane des droits de l’homme sera également reconduite.

Les élections en Ukraine ont montré l’importance d’une forte mobilisation populaire, ce qui a conduit à la victoire électorale du Président Iouchtchenko le 26 décembre dernier. Le pays a clairement fait son choix, en faveur de la démocratie et contre la corruption et l’oligarchie. Il importe maintenant de renforcer la coopération entre l’Ukraine et les institutions européennes et transatlantiques. Il faudra aussi apporter notre soutien à la société civile et au média dans ce pays. La Norvège entend ainsi accroître sensiblement sa coopération avec l’Ukraine afin de favoriser le développement de la démocratie.

Les élections présidentielles dans les territoires palestiniens sont une confirmation massive de la volonté du peuple de construire une société fondée sur des valeurs démocratiques. Il y a lieu de croire que cette tendance se confirmera lors des élections parlementaires cet été.

Depuis sa victoire aux élections présidentielles, Président Abbas a fait preuve de détermination et de capacité à explorer des nouvelles pistes pour relancer le processus de paix. Espérons, par conséquent, que le sommet de Charm el-Cheikh la semaine dernière

entre le Président Abbas et le Premier ministre Sharon marquera un réel tournant. Leur annonce d'un arrêt mutuel de la violence pourrait marquer le début d’un nouveau chapitre où l’attention de nouveau sera portée sur la création de l’Etat palestinien qui vivrait en paix avec Israël. Comme nous le savons tous, ce n’est pas la première fois que les deux parties ont promis d’arrêter toute violence ; nous avons été déçus à maintes reprises.

Cette fois, cependant, l’entente intervenue entre les deux parties dans le domaine de la sécurité s’accompagne d’une réelle possibilité de retrait total des Israéliens et de l’évacuation des colonies juives de Gaza au cours de 2005. Il est encourageant de constater que les deux parties soient tombées d’accord sur un retrait coordonné, ce qui est une condition essentielle pour garantir le succès de l’opération.

Il est à présent important que la communauté internationale soit résolue en exigeant que ce retrait se fasse conformément à la feuille de route pour la paix et la vision d’une solution à deux Etats. Seul un effort concerté et ciblé de la part du Quartet, c’est-à-dire l’ONU, l’UE, les Etats-Unis et la Russie, peut donner une impulsion et une légitimité à la poursuite du processus de paix.

Nous sommes prêts à aider les parties à profiter des nouvelles opportunités apparus pour faire redémarrer la feuille de route pour la paix et, avec le temps, les négociations de paix. Un bon fonctionnement de l’administration publique palestinienne sera important pour parvenir à une solution viable à deux Etats. Nous continuerons par conséquent d’apporter un concours considérable aux efforts palestiniens de réformes. Le groupe des pays donateurs, l’AHLC, présidé par la Norvège, jouera un rôle majeur dans cet effort.

Dans notre politique extérieure et politique de développement nous avons mis l’accent sur le développement de la démocratie, ce qui comprend aussi la promotion de la bonne gouvernance, la transparence et la lutte contre la corruption.

Nous entretenons avec la Chine, l’Indonésie et le Vietnam un dialogue sur les droits de l’homme. Ce type de contacts politiques, que nous jugeons fort efficaces, permettent d’intervenir de façon concrète et constructive.

Malheureusement, il faudra des efforts considérables encore pendant de nombreuses années pour faire avancer la démocratie dans beaucoup d’autres pays, entre autres en Birmanie. Les conséquences des réaménagements entrepris à la tête du régime l’automne dernier sont encore incertaines. Nous oeuvrons, par l’intermédiaire de l’ONU et d’autres instances, pour soutenir les forces démocratiques en Birmanie. Il faudra donner à Aung San Suu Kyi et aux forces démocratiques la possibilité de prendre part au processus politique. La Norvège soutient depuis de nombreuses années la communauté des exilés birmans et contribue au renforcement de la société civile birmane. Nous encourageons aussi les pays de la région d’user des moyens à leur disposition pour favoriser les réformes politiques en Birmanie.

Cependant, aucune approche, que ce soit par les sanctions ou l’action engagée, n’a permis d’aboutir à des changements de la politique menée par le régime. Nous devons par conséquent juger au fur et à mesure quels sont les moyens les plus appropriés pour soutenir une évolution démocratique dans le pays. Des mesures pour renforcer le dialogue seront essentielles à cet égard.

Monsieur le Président,

Un autre pilier de la politique étrangère norvégienne est la coopération internationale contraignante dans le cadre des Nations Unies, qui fête cette année son 60 anniversaire.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a pris l’initiative de renforcer l’Organisation cette année. Cela permettra à la communauté internationale de réaffirmer son engagement envers l’ONU et la Charte de l’ONU.

Un Groupe de personnalité de haut niveau établi par le Secrétaire général a récemment présenté des recommandations pour mieux faire face aux menaces à la paix mondiale et la sécurité internationale. Le Groupe conclut que le monde se trouve confronté à une série de menaces et de défis différents qu’aucun pays ne saura assumer à lui seul, que ce soit la lutte contre la pauvreté et la maladie, les changements climatiques et les menaces pesant sur l’environnement, la prévention et le règlement des conflits internes, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.

Le Groupe met en évidence le lien entre ces différentes menaces et comment il faut les affronter par des actions communes sur un large front.

L’Assemblée générale des Nations Unies discutera plus tard cette année les recommandations de ce Groupe, de même qu’un rapport récemment présenté sur les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs du millénaire en matière de lutte contre la pauvreté d’ici à 2015.

Nos positions par rapport aux recommandations du Groupe de haut niveau se résument comme suit:

  • Premièrement, la Norvège attache une grande importance à ce que les recommandations de réforme soient accompagnées de mesures concrètes.
  • Deuxièmement, il faut renforcer la crédibilité, l’autorité et l’efficacité du Conseil de sécurité. Nous avons maintenant l’occasion d’examiner la composition du Conseil avec de nouveaux yeux. Un meilleur équilibre entre les régions pourra être réalisé par un élargissement du nombre de membres permanents et de membres élus. Notre position est que les petits pays doivent continuer d’avoir la possibilité de faire valoir leurs vues au sein du Conseil de sécurité, et que le Conseil doit avoir une composition qui tient compte des pays qui contribuent de manière substantielle à la réalisation des objectifs de l’ONU en matière de la paix et de la sécurité et de l’aide au développement. C’est également ce que recommande le Groupe. Cependant, il est important d’éviter que les discussions sur la composition du Conseil de sécurité ne laisse dans l’ombre les nombreux défis et recommandations.
  • Troisièmement, nous soutenons la recommandation du Groupe visant un renforcement des efforts de l’ONU dans les domaines du règlement pacifique des conflits et du renforcement des Etats. Nous saluons la recommandation de renforcer la capacité de l’ONU dans le domaine de soutien à la paix au sens large , dont notamment les mesures de prévention des conflits, le soutien à des Etats faibles et l’assistance à des pays passant d’une situation de guerre à la paix. La Norvège a, pendant de nombreuses années, plaidé en faveur d’une approche intégrée où les mesures politiques, la sécurité, les efforts humanitaires et l’aide au développement soient considérés dans son ensemble.
  • Quatrièmement, la Norvège partage l’avis du Groupe que la communauté internationale ne peut pas rester sans agir lorsque les autorités d’un pays faillit à leur devoir de protéger leur propre population. Les expériences de Rwanda et de Srebrenica montrent la nécessité de parvenir à un plus grand consensus international sur le besoin d’actions communes. Il faudra notamment insister sur l’importance d’intervenir suffisamment tôt, avant que le besoin d’actions militaires ne se fasse ressentir.
  • Cinquièmement, la Norvège soutient la recommandation du Groupe visant une adhésion universelle à la Commission des Nations Unies pour les droits de l’homme. Ceci contribuera à augmenter la légitimité de la Commission puisque l’accent politique sera porté davantage sur les dossiers à examiner plutôt que sur la composition de la Commission.

Autrement dit, nous avons actuellement une chance unique de pouvoir réformer et moderniser les Nations Unies pour que l’Organisation puisse faire face aux défis d’un nouveau siècle. Le but principal est de pouvoir réduire, par l’action collective, les nouvelles et les anciennes menaces à notre sécurité à tous, et de renforcer les efforts pour atteindre les objectifs du Millénaire.

Il appartient à la réunion de haut niveau de l’ONU en septembre de jeter les bases pour réaliser les changements qui s’imposent.

L’alternative sera une Organisation affaiblie et un monde plus imprévisible et moins sûr pour nous tous.

Monsieur le Président,

En ce qui concerne la mission de l’ONU pour le maintien de la paix, les défis sont particulièrement importants en Afrique.

La Norvège s’est trouvé en première ligne dans les efforts pour parvenir à un règlement pacifique du conflit persistant au Soudan. Nous attendons que le Conseil de sécurité de l’ONU adopte prochainement une résolution sur la mise en place d’une opération de soutien de la paix au Soudan (UNMISUD) pour aider le nouveau gouvernement à appliquer l’accord de paix signé à Nairobi le 9 janvier cette année. Le mandat de cette opération sera complexe. L’ONU doit à la fois surveiller l’application du cessez-le-feu et canaliser et coordonner l’aide humanitaire et l’aide au développement à plus long terme au Soudan. Pour surveiller le cessez-le-feu l’ONU prévoit le déploiement de plus de 10.000 personnes, y compris des observateurs militaires, la police civile ainsi qu’une force militaire de protection et du personnel auxiliaire.

La Norvège contribuera à ce que cette opération de surveillance soit couronnée de succès. En plus d’un soutien aux programmes humanitaires et aux programmes de développement, le gouvernement a décidé de mettre à disposition des officiers d’état-major, des observateurs militaires et une unité médicale. Au total, notre contribution militaire comptera 30 personnes. Nous envisageons aussi l’envoi éventuel d’un petit nombre de conseillers politiques. Le gouvernement soumettra une proposition au Storting sur notre contribution et l’octroi de fonds complémentaires afin de permettre le maintien de notre contribution à ce même niveau pendant une période prolongée.

La Norvège organisera une conférence des pays donateurs pour le Soudan, si possible en avril cette année. Une évolution pacifique au Soudan sera cruciale pour inciter la communauté internationale à débloquer des fonds substantiels pour la reconstruction du pays.

La communauté internationale se trouve en outre confrontée à la grande tâche visant à atténuer les souffrances humaines dans la région du Darfour. Les graves exactions commises au Darfour, constatées dans le rapport établi par la commission d’enquête de l’ONU, est une affaire très préoccupante. Le rapport sera examiné fin février par le Conseil de sécurité qui décidera de la suite à donner. La Norvège plaidera pour que le rapport soit soumis à la Cour pénale internationale de La Haye.

L’accord de paix négocié à Naivasha ouvre la voie à un règlement politique également au Darfour. L’accord prévoit un changement de la composition du gouvernement de Khartoum et jette les bases d’un nouveau système politique applicable à l’ensemble du territoire soudanais.

Il faudra empêcher que le conflit du Darfour ne compromette l’accord de paix. La Norvège a pris part aux efforts pour amener les parties au conflit au Darfour à la table de négociation, et continuera à apporter un soutien substantiel à l’opération de surveillance entrepris par l’Union africaine (UA) au Darfour.

La Norvège s’est aussi engagée dans d’autres conflits en Afrique. Nous entretenons des contacts suivis avec les parties au conflit en Ethiopie et en Erythrée au sujet de l’impasse dans lequel se trouve ce conflit, et des observateurs militaires norvégiens participent à l’opération de l’ONU chargée de surveiller la frontière entre les deux pays (UNMEE).

Nous essayons également de faciliter les contacts entre le gouvernement d’Ouganda et le mouvement rebelle au Nord d’Ouganda afin mettre un terme au conflit tragique dans cette région.

Cependant, il est primordial que les pays africains eux-mêmes assument leur responsabilité en vue de créer des conditions plus pacifiques et plus stables sur ce continent. Je suis heureux qu’il existe aujourd’hui une plus grande volonté en ce sens, ce que j’ai pu constater lors de ma rencontre en novembre dernier avec le Président de l’Union africaine. Cette Organisation a établi son propre conseil de paix et de sécurité sur le modèle de l’ONU, et collabore étroitement avec l’ONU pour ce qui est de la répartition des tâches et des responsabilités.

Souhaitant renforcer notre coopération avec l’Union africaine, nous allons prochainement conclure un accord avec cette Organisation sur une aide accrue à long terme pour développer la capacité dans les domaines de la paix et de la sécurité. L’objectif premier est d’encourager les pays africains à assumer eux-mêmes une plus grande responsabilité pour le règlement de leurs propres conflits.

C’est donc avec satisfaction que nous constatons que les pays africains eux-mêmes fournissent plus de contingents aux opérations de maintien de la paix en Afrique. Un exemple à ce titre est la coopération conclue avec des organisations africaines en vue du maintien de la paix : ‘l’Entraînement de l’Afrique australe au maintien de la paix’. Ce programme a été une grande réussite et est actuellement étendu à l’Afrique de l’Ouest. Nous souhaitons également contribuer au renforcement de la coopération régionale en vue d’empêcher la prolifération illégale des petites armes.

Monsieur le Président,

La Norvège appuie la recommandation du Groupe de haut niveau de l’ONU visant l’établissement d’une meilleure stratégie pour la lutte collective contre le terrorisme international, stratégie qui comprendra la coopération en matière policière et de renseignement et le contrôle accru des transactions financières.

Les événements tragiques à New York, Bali, Madrid et Beslan ont montré que la menace terroriste est mondiale. Il n’existe pas de solutions faciles à la lutte contre le terrorisme international. Pour éliminer les réseaux terroristes il faudra mettre en place une coopération internationale renforcée et de longue haleine, où l’ONU doit jouer un rôle central. C’est aussi crucial que des organisations régionales comme l’Union européenne et l’OTAN participent activement à cette lutte contre les réseaux terroristes.

Nous partageons aussi l’avis du Groupe de haut niveau de l’ONU sur la nécessité de renforcer la coopération internationale pour empêcher la prolifération et le recours à des armes de destruction massive. Le traité de non-prolifération des armes nucléaires est l’un des plus importants instruments internationaux à cet effet. Nous avons pris une initiative pour contribuer à ce que la Conférence d’examen au mois de mai aboutisse à un renforcement des dispositions de ce traité. Cette initiative sera discutée lors d’une réunion préliminaire à Oslo en mars.

Les programmes nucléaires de l’Iran constituent l’un des défis majeurs de la communauté internationale en ce qui concerne la non-prolifération. Par son adhésion au Traité de non-prolifération, l’Iran a pris l’engagement de ne pas se procurer des armes nucléaires. L’incertitude qui règne depuis un certain temps sur les intentions de ce pays est par conséquent préoccupante.

D’un autre côté, il est encourageant que l’Iran est parvenu à un accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la suspension de son programme d’enrichissement de l’uranium et sur une transparence totale de son programme nucléaire. L’Union européenne a joué un rôle positif dans ces efforts. Il faudra toutefois que cette suspension devienne permanente et que l’Iran honore ses engagements d’une transparence totale. Nous devons clairement exiger que l’Iran renonce à acquérir des armes nucléaires. Il est important que la communauté internationale trouvent ensemble une solution politique à la question de l’Iran, et les chances d’y parvenir augmentent si les Etats-Unis et l’Europe arrivent à se mettre d’accord sur une telle solution.

Nous déplorons vivement les déclarations de la Corée du Nord affirmant que le pays possède des armes nucléaires et qu’il ne souhaite plus participer à de nouveaux cycles de négociation sur ces questions. L’attitude de la Corée du Nord constitue un danger réel et un défi considérable aux efforts internationaux visant à empêcher la prolifération des armes de destruction massive. Il importe maintenant de relancer les pourparlers des six en vue de parvenir à une solution politique.

Monsieur le Président,

l’OTAN est le garant de la paix et de la démocratie en Europe. Notre adhésion à l’OTAN constitue un pilier dans notre politique étrangère et de sécurité. Avec l’élargissement rapide de l’OTAN, un nombre croissant de pays se sont joints à la communauté de valeurs sur laquelle l’Alliance est fondée. A travers ses opérations de maintien de la paix, l’OTAN a soutenu les efforts démocratiques et contribué à garantir la paix dans les Balkans et en Afghanistan.

Les Etats-Unis et l’Europe ont traditionnellement agi de concert dans les efforts pour régler des conflits internationaux et gérer des catastrophes humanitaires. Lorsque j’ai rencontré mes collègues alliés à Bruxelles la semaine dernière, j’ai pu constater une volonté de renforcer la coopération transatlantique. Cette réunion a révélé qu’il existe actuellement une réelle volonté d’instaurer un dialogue plus actif entre les Etats-Unis et l’Europe.

Je pense que cette volonté sera confirmée lors du sommet de l’OTAN la semaine prochaine. C’est seulement par une plus forte coopération transatlantique que nous serons à mêmes d’affronter aujourd’hui les menaces à la sécurité. Ce fait est également reconnu de côté américain. Seule une action concertée peut apporter la paix et la stabilité durables en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Irak.

Dans un tel partenariat, les Etats-Unis doivent prêter l’oreille aux points de vue européens sur des questions qui nous concernent tous. Or, la responsabilité d’une coopération transatlantique renforcée n’incombe pas uniquement aux Etats-Unis. L’Europe, de son côté, doit être prête à y contribuer. Ainsi est-il encourageant de voir que certains pays européens clés soulignent actuellement l’importance d’une plus étroite coopération avec les Etats-Unis.

Il y a effectivement des signes en ce sens, alors qu’en même temps, certaines choses indiquent que le dialogue entre les Etats-Unis et l’Europe en matière de politique de sécurité n’aura pas lieu uniquement au sein de l’OTAN.

Des pays européens clés, comme la France et l’Allemagne, souhaitent renforcer le dialogue direct avec les Etats-Unis sur les questions de politique étrangère et de sécurité, et ils envisagent un rôle plus indépendant pour l’UE. Les propos tenus par le Chancelier fédéral Schröder le week-end dernier où il affirmait que l’OTAN « n’est plus le lieu principal où les partenaires transatlantiques discutent et coordonnent leurs stratégies », soulèvent des questions, et suscitent des inquiétudes. L’Allemagne a traditionnellement été tournée vers l’Atlantique. Maintenant le rôle de l’OTAN est remis en question. L’OTAN est le pilier fondamental de notre orientation en matière de politique étrangère.

Une situation où la majeure partie du dialogue transatlantique a lieu directement entre l’UE et les Etats-Unis, risque de poser d’énormes défis à la Norvège et de marginaliser notre pays davantage.

En même temps, il est important de s’appuyer sur la volonté manifeste qui existe, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, de renforcer le dialogue et la coopération au sein de l’OTAN.

L’Afghanistan est un exemple concret des résultats qu’il est possible d’obtenir grâce à une forte coopération transatlantique. La force internationale d’assistance à la sécurité, l’ISAF, sous le commandement de l’OTAN, a été déterminante pour le succès de l’organisation des élections présidentielles.

L’un des principaux défis pour l’Afghanistan actuellement est de faciliter, avec l’aide de la communauté internationale, les élections parlementaires plus tard cette année. La situation sécuritaire restera probablement tendue jusqu’aux élections.

L’OTAN doit donc continuer de contribuer à la stabilité et à la sécurité dans le pays. C’est essentiellement pourquoi la force d’ISAF doit être progressivement étendu à l’Ouest et au Sud de l’Afghanistan au cours de l’année.

La Norvège continuera d’apporter une contribution substantielle à l’opération de l’OTAN en Afghanistan, aussi à l’extérieur de Kaboul. Aujourd’hui nous participons à une équipe de reconstruction provinciale, sous direction britannique, à Meymaneh au Nord de l’Afghanistan. Nous menons actuellement des discussions avec les Britanniques sur une éventuelle reprise par la Norvège plus tard cette année de la direction de cette équipe de reconstruction. Ce sera une suite naturelle de notre participation au Nord de l’Afghanistan et facilitera l’extension du champ d’opération de l’ISAF.

Bien que les résultats de la lutte contre l’organisation terroriste Al Qaïda et l’ancien régime des talibans soient considérables, certaines parties du réseau continuent d’opérer dans les régions à la frontière du Pakistan. Ils représentent une menace à la fois contre le gouvernement du président Karzaï et la mission de stabilisation menée par l’OTAN. Et cette menace est mondiale. C’est pourquoi l’opération sous commandement américain, ’Enduring Freedom’, (OEF) est toujours nécessaire.

La Norvège a reçu des Etats-Unis, il y a quelque temps, une demande de mettre à la disposition de cette opération en 2005 des forces spéciales norvégiennes. Le gouvernement a l’intention de donner suite à cette demande et de contribuer avec des forces pour une période allant jusqu’à 6 mois.

La contribution de la Norvège à ’Enduring Freedom’ représente un suivi de contributions semblables accordées dans le passé. En 2002 et 2003, la Norvège a fourni des forces spéciales, des avions de transport et de chasse ainsi que des démineurs. Ces contributions ont été un succès, ce qui explique la nouvelle demande d’assistance des Etats-Unis.

Nous avons donné priorité à nos contributions à la force d’ISAF après que l’OTAN a repris la responsabilité de cette force en 2003. Nous sommes aujourd’hui dans une situation où une contribution norvégienne à l’opération ’Enduring Freedom’ ne se fera pas au détriment de notre participation à la mission de l’OTAN.

L’objectif principal de la participation norvégienne à l’OEF sera de lutter contre le terrorisme international et de contribuer en même temps à la sécurité et à la stabilité en Afghanistan, ce qui est une condition préalable à de nouvelles extensions de la force d’ISAF sous le commandement de l’OTAN.

Des discussions ont lieu actuellement au sein de l’OTAN sur une meilleure coordination des deux opérations, l’OEF et l’ISAF, en Afghanistan. Une coordination s’impose de plus en plus au fur et à mesure que l’ISAF s’étend vers le Sud et l’Est de l’Afghanistan, où l’OEF se poursuit actuellement. A plus long terme, il y a lieu d’envisager de placer les deux opérations sous le même commandement. La Norvège appuierait une telle démarche.

Un autre défi majeur est la production accrue de la drogue, qui affecte également nos communautés dans l’Occident. Cette tendance a des conséquences néfastes sur le processus démocratique. Le Président Karzaï attache une grande importance à la lutte contre ce fléau. Cependant, pour réussir dans cette tâche, il a besoin de l’aide de la communauté internationale, et il est particulièrement important d’amener les pays voisins de l’Afghanistan à participer à cet effort. C’est pourquoi la Norvège apporte son soutien à des projets de coopération pour lutter contre le trafic de la drogue, entre autres dans le cadre de l’ONU.

La Norvège participe aussi aux importants efforts accomplis par l’OTAN pour entraîner des forces irakiennes de sécurité. Des officiers supérieurs irakiens sont formés auprès du quartier général de l’OTAN à Stavanger, et un nouveau groupe d’officiers entament leur formation le mois prochain. Nous avons également un dialogue en cours avec les autorités irakiennes sur la possibilité de former des officiers de police irakiens en Norvège.

Monsieur le Président,

Les efforts de renforcement de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) se poursuivent conformément aux objectifs politiques de l’UE. L’UE souhaite assumer une plus grande responsabilité dans des affaires internationales, ce qui aura pour effet à long terme de répartir les charges de façon plus équitable entre l’Europe et les Etats-Unis. Une telle évolution sera bénéfique pour les pays des deux côtés de l’Atlantique.

En décembre, l’UE a pris la relève de l’opération militaire de l’OTAN en Bosnie et Herzégovine, opération à laquelle participe également la Norvège. C’est sans aucun doute la plus grande opération militaire de l’UE jusqu’à ce jour. Si elle réussit, cette opération renforcera probablement au sein de l’UE la volonté de développer davantage la politique commune de sécurité et de défense.

Parmi les autres décisions importantes adoptées par l’UE dans le domaine de la politique de sécurité et de défense sont l’établissement d’une force de réaction rapide et une plus étroite coopération pour les matériels de défense.

L’établissement de cette force de réaction rapide est important pour la capacité de l’UE de prêter assistance aux opérations de gestion de crises de l’ONU. J’ai la conviction que la mise en place de forces militaires de ce type permettra à l’ONU d’intervenir plus tôt dans des conflits régionaux.

Le travail pour mettre en place une force nordique de réaction rapide progresse comme prévu. Comme le Storting a déjà été informé, nous sommes en train de finaliser avec la Suède et la Finlande les accords nécessaires à la mise en place de cette force. Une procédure d’échange de lettres avec l’UE qui précise les conditions d’une participation norvégienne est aussi en cours.

La coopération européenne en matière de matériels de défense a récemment été intégrée dans la politique européenne de sécurité et de défense de l’UE. Nous signerons prochainement un accord de coopération avec l’Agence européenne de défense, AED. Notre coopération avec l’AED sera un élément important dans notre dialogue avec l’UE sur des questions de politique de défense. L’accord prévoit des consultations régulières et ouvre la possibilité à une participation norvégienne aux projets et aux programmes de l’AED.

Nous menons également un dialogue avec l’UE en vue d’un renforcement de la coopération en matière de gestion civile des crises, y compris les projets d’établissement par l’UE d’une force spéciale pour la gestion civile des crises. Le raz-de-marée en Asie de Sud-Est a rendu cette question encore plus urgente. C’est là un domaine où nous possédons une expérience. Nous avons mis au point un nouveau dispositif d’intervention rapide pour la gestion civile de crises à l’étranger qui comprend du personnel des différentes parties du système judiciaire. Nous avons déjà, à plusieurs reprises, fait usage de cette force – appelée aussi le ’Pool de réaction aux crises’. Des effectifs de ce pool se trouve actuellement en Géorgie pour assister les travaux de réformes dans le secteur judiciaire.

Monsieur le Président,

Malgré le choix fait par la Norvège de rester en-dehors de l’UE, une étroite coopération avec l’Europe est primordiale pour notre politique extérieure. L’évolution au sein de l’UE est d’une importance capitale pour la politique européenne active menée par le gouvernement. L’UE joue un rôle important dans les efforts pour garantir la paix, la sécurité et la démocratie dans l’Europe tout entière.

2004 a été une année historique pour l’UE. Le 1er mai, dix nouveaux pays ont adhéré à l’Union. Mais l’élargissement de l’année dernière ne marque pas la fin du processus, puisque la Bulgarie et la Roumanie viendront s’y joindre en 2007. Et l’Espace économique européen s’élargit dans les mêmes proportions.

La Croatie, l’ex-République yougoslave de Macédoine et la Turquie ont tous fait une demande d’adhésion. Par ailleurs, le nouveau président d’Ukraine a déclaré que l’adhésion à l’UE est un objectif à long terme.

La décision de l’UE d’engager des négociations avec la Turquie en vue de son adhésion est une décision historique. Les perspectives d’une adhésion représentent une forte incitation à l’introduction de réformes dans le pays. Même si cela marque le départ d’une nouvelle étape dans le processus d’élargissement de l’UE, une adhésion de la Turquie n’est toutefois pas pour demain.

Une telle adhésion aurait des conséquences pour la Norvège, puisque la Turquie deviendrait alors notre partenaire sur le marché intérieur, avec les possibilités et les défis que cela implique.

En juin, les chefs d’Etat et de gouvernements de l’UE ont adopté un nouveau Traité établissant une constitution pour l’Europe, ce qui est un pas important pour le futur développement de l’UE. Le Traité constitutionnel implique des réformes permettant aux institutions de défendre de manière plus efficace les intérêts communautaires après les futurs élargissements. Autrement dit, il entraînera une simplification et une démocratisation de l’UE.

Pour la Norvège, comme pour le reste de l’Europe, c’est positif que l’UE, par des élargissements et des réformes de ses traités, renforce ses efforts de promotion de la stabilité, de la démocratie et du développement pacifique.

Mais cela pose également des défis particuliers à la Norvège. Faire valoir les intérêts et les points de vue norvégiens ne sera guère plus facile avec une Union plus grande et des procédures de décision plus rapides et plus efficaces.

La coopération européenne a des incidences sans cesse plus grandes sur la Norvège, alors qu’en même temps nos possibilités d’exercer une influence diminuent au fur et à mesure que la coopération européenne s’élargit et s’approfondit. Il est important de le reconnaître – et cela donne à réfléchir.

La stratégie de Lisbonne, qui a pour but de renforcer la compétitivité de l’UE dans la période 2000 à 2010, est actuellement l’un des dossiers les plus importants à l’ordre du jour de l’UE. L’UE a, cependant, du mal à atteindre les buts qu’elle s’est fixés. La Norvège se trouve confrontée à des défis structurels du même ordre que l’UE, et nous partageons, et soutenons, les objectifs de la stratégie. Il est important de maintenir l’équilibre entre les objectifs pour la croissance économique, d’un côté, et ceux d’un environnement durable et de la cohésion sociale, de l’autre côté. Dans la pratique, cela signifie de préserver ce qu’il y a de mieux dans l’Etat de providence tout en renforçant la compétitivité et prenant en compte les considérations environnementales.

La nouvelle politique européenne de voisinage (PEV) témoigne de la volonté de l’UE de poursuivre et de renforcer ses contacts avec les pays extérieurs à l’Union. Ceci a été clairement montré lors de la situation tendue au moment des élections en Ukraine. L’intervention de l’UE était déterminante pour l’issue pacifique des événements et était une manifestation claire en faveur de la démocratie et des droits de l’homme.

Notre sécurité intérieure et extérieure deviennent sans cesse plus imbriquées. L’UE a, plus souvent, recours à des mesures de politique extérieure et de politique intérieure pour faire face aux menaces et aux défis liés au trafic d’êtres humains et d’autres types de criminalité organisée. Les partenariats et la coopération avec des pays tiers sur des mesures visant à promouvoir la démocratie et le bien-être dans ces pays sont des éléments clés dans ce contexte.

Pour la Norvège c’est un défi particulier de veiller à ce que des problèmes pertinents du domaine de Schengen continuent à être discuté au sein du Comité mixte, surtout que les affaires sont très souvent de nature intersectorielle et leur pertinence par rapport à Schengen de moins à moins évidente.

Monsieur le Président,

La Norvège est le premier partenaire de l’UE dans le domaine de la pêche. Cela nous donne un certain poids. Au cours des dernières années nous avons su davantage faire valoir nos droits et avons fait preuve de volonté de les défendre.

Nos relations avec l’UE dans le domaine de la pêche sont compliquées du fait que l’UE doit affronter une série de défis internes. Malgré la résistance interne, l’UE oeuvre aussi activement pour contrôler les captures de poisson et la surcapacité de la flotte de pêche.

La gestion de nos ressources halieutiques est fondée sur le principe de l’exploitation durable. La Norvège attache une grande importance à l’appartenance à une zone lors de la répartition des ressources entre plusieurs pays. La coopération entre la Norvège et l’UE dans le domaine des ressources halieutiques a donné des résultats significatifs, mais il reste encore des problèmes importants à régler.

Un dossier important à l’heure actuelle est les négociations sur le hareng norvégien à reproduction printanière. Il y a depuis quelques années une grande disproportion entre la part attribuée à la Norvège du total autorisé des captures et l’appartenance zonale de cet hareng à la Norvège. Lors des négociations avec l’UE, l’Islande, les Iles Faroe et la Russie, nous avons clairement fait savoir qu’une part plus importante de ces pêches doit nous être attribuée.

Le gouvernement accorde une très haute priorité aux efforts visant à assurer un accès stable et prévisible aux marchés pour les exportations norvégiennes de poisson et de fruits de la mer. Depuis 15 ans, notre industrie d’élevage de poisson fait l’objet d’allégations et de mesures politiques commerciales sur le marché européen.

L’UE a adopté la semaine dernière des mesures de sauvegarde contre les importations de saumon d’élevage. Cette mesure frappe essentiellement la Norvège et le Chili. La question a été soumise à la Commission européenne il y a un an sous forme d’une plainte émanant de l’industrie d’élevage de saumon en Ecosse et en Irlande. Le Premier ministre, le ministre de la pêche et des affaires côtières et moi-même avons soulevé cette question grave à plusieurs reprises avec les pays membres de l’UE et avec des membres de la Commission.

Il ne s’agit pas exclusivement d’un conflit entre la Norvège et l’UE. C’est aussi une question de rapports de forces à l’intérieur de l’UE entre des pays ayant une importante industrie de transformation et des pays souhaitant protéger de petits producteurs de matières premières. Les consommateurs et l’industrie de transformation dans l’UE sont les deux perdants dans cette affaire.

Le gouvernement a examiné à fond la plainte qui est à l’origine des mesures adoptées, et estime que les mesures de sauvegarde ne sont pas fondées et que l’adoption de telles mesures sont contraires aux règles de l’OMC. Les mesures étant actuellement un fait accompli, il ne nous reste pas d’autres choix que de soumettre l’affaire à l’OMC. Dans le cas présent, les règles de l’OMC sont notre meilleur outil pour lutter contre l’arbitraire, le protectionnisme et la loi du plus fort.

Monsieur le Président,

Permettez-moi d’évoquer brièvement une affaire concrète, sur laquelle la Commission des affaires étrangères du Storting a demandé des informations complémentaires (cf. Recommandation S. no. 122 (2002-2003), et Doc. 8:144 (2002-2003)). Il s’agit du plan d’action de la Commission européenne sur les mesures contre l’importation de bois abattu dans des conditions illégales. L’UE prépare actuellement un règlement dont l’adoption devrait intervenir au cours du printemps 2005.

Le gouvernement partage, bien entendu, l’objectif de l’UE tendant à empêcher l’abattage illégal et le commerce avec du bois abattu dans des conditions illégales. Nous avons ainsi des contacts étroits avec la Commission à propos de la mise en oeuvre de ce plan d’action, entre autres pour examiner l’opportunité d’une coopération plus étroite. La Norvège œuvrera activement aussi dans d’autres enceintes multilatérales pertinentes afin d’empêcher la vente de bois abattu dans des conditions illégales. Il faudra, entre autres, renforcer le mandat de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) pour lui permettre de s’occuper de problèmes liés à l’abattage illégal et des programmes de certification.

Monsieur le Président,

Le gouvernement a pris l’initiative d’un examen approfondi des enjeux et des possibilités dans les régions du Nord, et présentera prochainement un livre blanc sur ce thème. Les principales conclusions de ce document indiquent qu’il existe dans cette région du Nord des vastes possibilités, surtout au niveau du développement économique. En même temps, il est important de veiller à ce que le développement ait lieu dans des conditions viables.

Les régions du Nord ont connu de profonds changements depuis l’époque de la guerre froide. Le développement au Nord était alors dominé par la politique de sécurité et notre premier souci était d’assurer la présence des Alliés dans la région.

Aujourd’hui les questions de politique de sécurité sont reléguées au deuxième plan, et des questions liées à l’environnement et aux ressources sont placées tout en haut de l’agenda politique. Alors que nous pouvions, à l’époque de la guerre froide, compter sur le soutien de nos Alliés pour la politique que nous menions dans le Nord, nous ne pouvons plus aujourd’hui être sûrs que nos Alliés vont partager pleinement nos appréciations et nos intérêts dans cette région.

L’enjeu pour nous est désormais d’arriver à faire valoir et à obtenir un soutien pour les points de vue et les appréciations norvégiens. C’est notamment le cas lorsqu’il faut peser des considérations environnementales contre les intérêts économiques liés à l’exploitation des ressources naturelles dans le Nord. Il est aussi urgent de mettre la question du changement climatique dans l’Arctique sur l’agenda politique, en Norvège comme à l’étranger.

Un rapport présenté par le Conseil arctique montre que la rapidité et les conséquences du changement climatique dans l’Arctique sont plus importantes que les estimations antérieures. Un nouveau rapport sur l’Arctique indique aussi que le risque d’une fonte totale des glaces est plus grand que prévu. Les recherches récentes montrent donc que les changements se font plus rapidement et semblent être plus importants que ce que l’on supposait il y a quatre ou cinq ans.

Il faut donc réduire de manière draconienne les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Avec le nouveau mécanisme national d’échanges de droits d’émission, la Norvège a mis en place un système qui englobe la plupart de nos émissions. Nous maintenons les engagements pris à Kyoto, mais dans une perspective globale ils sont loin d’être suffisants. C’est pourquoi nous oeuvrons en faveur de l’introduction à partir de 2012 d’un régime plus vaste pour lutter contre les changements climatiques, et nous sommes prêts à assumer notre part.

L’exploitation viable des ressources naturelles est également un thème qui s’inscrit dans le dialogue que le gouvernement a engagé avec des pays clés au sujet des régions du Nord où l’attention est portée sur les questions de politique de sécurité et de politique énergétique. Nous avons engagé de tels entretiens avec l’Allemagne et les Etats-Unis, et nous entendons multiplier cet effort auprès de pays comme la France, la Grande-Bretagne et le Canada. Parallèlement, nous cherchons à renforcer notre coopération avec la Russie dans le Nord.

Lors de ma visite il y a quelques semaines dans le Nord-Ouest de la Russie et à Kirkenes, j’ai relevé un grand optimisme et enthousiasme des deux côtés de la frontière. J’y ai reçu des rapports positifs sur la forte croissance des échanges commerciaux et de la coopération industrielle et l’optimisme face aux possibilités qui s’ouvrent aux provinces du Nord avec le développement dans le domaine des hydrocarbures. Mais j’ai également rencontré, des deux côté de la frontière, des gens qui craignent que nous, les politiques, serons dépassés par les évènements et n’arriverons pas à faire face aux défis que posera ce développement.

Notre coopération bilatérale avec la Russie évolue favorablement et englobe un grand éventail de domaines. La coopération directe entre les peuples a surtout été un succès dans la région de la mer de Barents. Or dans un domaine essentiel la coopération n’a pas été tout à fait comme on avait espéré, et c’est dans le secteur privé. Il est vrai que les échanges commerciaux entre la Norvège et la Russie ont augmenté de plus de 30 pour cent au cours de la dernière année et qu’ils se développent progressivement dans le bon sens. Cependant, pour assurer le progrès à l’avenir il est crucial d’établir des conditions cadre bien définies, stables et applicables à long terme, ce que les autorités russes sont les seules à pouvoir apporter. L’exploitation à l’avenir des ressources d’hydrocarbures à terre et au large des côtes de la mer de Barents pourrait déclencher un grand potentiel de coopération économique.

Il est important donner une place plus prépondérante au souci de l’environnement et aux questions liées aux ressources énergétiques dans la coopération avec les Russes, surtout au plan bilatéral, mais également au sein du Conseil arctique et dans le cadre de la coopération entre les régions de la mer de Barents. Le rapport au Storting sur les régions du Nord proposera des mesures concrètes pour favoriser la coopération bilatérale ainsi que la coopération entre les régions de la mer de Barents et au Conseil arctique.

Il faudra aussi revoir les instruments dont nous disposons pour la coopération au Nord. A mes yeux, l’accord de coopération dans la région de Barents fonctionne parfaitement bien au plan régional, où les trois départements du Nord et le Secrétariat Barents jouent un rôle important. La confiance a été instaurée et un impressionnant réseau s’est développé à travers la frontière, ce qui constitue une base pour développer une stratégie plus ambitieuse pour cette coopération dans les années à venir.

Le volet intergouvernemental de la coopération dans la région de Barents qui se poursuit depuis plus de dix ans maintenant, aurait besoin, à mon avis, d’un nouvel examen et d’une modernisation. C’est pourquoi je prendrai l’initiative de faire effectuer une évaluation indépendante de cet aspect de la coopération dans la région de Barents.

La délimitation du plateau continental et la zone des 200 milles en mer de Barents sont des dossiers de grande importance pour les deux pays. Le gouvernement accorde la priorité aux efforts pour parvenir à un accord sur la délimitation qui tient compte des intérêts des deux parties. Or, il reste encore des défis majeurs à régler. Dans cette affaire, il ne faut pas laisser des considérations de brève échéance passer avant la nécessité de trouver une solution qui soit bonne pour la Norvège et qui résistera à l’épreuve du temps.

Notre coopération avec la Russie sur les stocks de poisson dans la mer de Barents constitue un volet important des relations bilatérales. Les relations économiques, la recherche et la gestion des pêches ont en général bien fonctionné et constituent depuis de nombreuses années des domaines d’intérêts communs considérables. L’exploitation et la gestion viables des ressources vivantes de la mer sont des principes clés dans cette coopération.

Cependant, au cours des dernières années nous avons fait face à des grands défis sur des aspects importants de notre coopération avec la Russie. C’est le cas pour le contrôle des captures et la coopération dans le cadre des expéditions de recherche scientifique. La Norvège mène des efforts continus sur un large front afin d’aboutir à des solutions communes satisfaisantes aux défis qui se posent. Si nous voulons continuer à être perçus à l’avenir comme des gestionnaires droits et responsables des précieuses ressources, il faut réussir dans cet effort.

VEDLEGG